La pierre sacrée annonce un message d’union et de retour aux valeurs
À Glidji-Kpodji, dans la préfecture des Lacs, le peuple Guin a célébré ce jeudi 29 août 2024 la 361e édition de la fête traditionnelle Epé-Ekpé, moment sacré qui marque le passage au nouvel an lunaire Guin. La cérémonie phare, la prise de la pierre sacrée, s’est déroulée en présence de Mme le Premier ministre Victoire Tomégah-Dogbé, représentant le chef de l’État, Son Excellence Faure Essozimna Gnassingbé.
Cette année, la pierre révélée est de couleur blanc sale, symbole – selon les prêtres Gê Yéhoué – d’un climat de désunion au sein du peuple Guin, entre chefs traditionnels, prêtres et adeptes des 41 divinités. Un appel à l’union, au pardon, au respect des mères, à l’équilibre moral et spirituel a été lancé.
Mais au-delà du message spirituel, Epé-Ekpé est aussi une vitrine vivante de la richesse culinaire togolaise, en particulier celle des peuples du Sud-Est.
Une célébration qui ravive les saveurs du terroir Guin
Chaque édition d’Epé-Ekpé est l’occasion de faire revivre les mets emblématiques du patrimoine culinaire Guin. Les femmes des Lacs rivalisent de savoir-faire pour régaler les convives.
Les retrouvailles familiales et les célébrations rituelles favorisent des banquets communautaires, où l’on partage des plats aux origines ancestrales, souvent cuisinés à base d’ingrédients locaux comme le manioc, le maïs, les légumes-feuilles, le poisson fumé ou encore les fruits de mer. Ces repas ne sont pas de simples agapes : ils sont porteurs de mémoire, d’identité et de cohésion sociale.
Les offrandes aux divinités, un miroir de la culture culinaire
L’un des aspects marquants d’Epé-Ekpé est aussi la préparation des offrandes aux divinités Guin. Ces rituels impliquent l’élaboration de plats précis, souvent préparés selon des recettes secrètes transmises de génération en génération. On y retrouve des liqueurs comme le sodabi (liqueur locale), ou encore des volailles.
Ces pratiques religieuses traditionnelles ont un impact direct sur la préservation des pratiques culinaires : elles imposent le respect de certaines saisons, de cycles agricoles, et encouragent une alimentation enracinée dans les produits du terroir.
Un héritage culturel qui stimule aussi l’économie locale
À chaque édition, les marchés de Glidji et d’Aného s’animent, portés par l’afflux de visiteurs, de ressortissants de la diaspora et de curieux venus découvrir la tradition Guin. Cette effervescence génère des retombées économiques directes pour les restauratrices locales, les vendeuses d’épices, les producteurs agricoles et les transformateurs de denrées.
Les stands de mets traditionnels se multiplient, attirant une clientèle friande de plats authentiques. Pour beaucoup, Epé-Ekpé est donc un moment stratégique pour vendre, transmettre et faire rayonner la cuisine togolaise au-delà de ses frontières.
Entre pierre sacrée et marmites en fête, une gastronomie vivante
Au-delà de sa dimension mystique et communautaire, Epé-Ekpé est un puissant levier de préservation et de valorisation de la cuisine togolaise. Elle incarne une mémoire vivante, où les saveurs, les gestes et les symboles culinaires sont transmis avec fierté. En renforçant les liens entre spiritualité, tradition et alimentation, cette célébration contribue à ancrer la gastronomie togolaise dans le cœur de son peuple – et bientôt, espérons-le, sur les grandes scènes culinaires internationales.





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